Chaire WinEscaProtection agroécologique pour lutter contre l’esca, une maladie du bois de la vigne
La viticulture, avec une balance commerciale positive de 14,2 milliards d’euros (en 2021), contribue significativement à l’économie française. Le secteur emblématique du cognac est le leader des exportations françaises de vins et spiritueux en 2021 (3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Hennessy, leader mondial des ventes de cognac, exporte 98% de ses produits. L’entreprise, présente sur tous les continents, est également historiquement ancrée dans le vignoble charentais.
Ce vignoble de 89 560 ha, dédié à la production d’eau-de-vie de cognac, a ses propres spécificités comme le maintien de plantes vigoureuses et un nombre réduit de ceps improductifs. L’action néfaste de l’esca, une maladie du bois de la vigne qui attaque environ 18% du vignoble de cognac, met en péril cet objectif de qualité du vignoble charentais. L’esca diminue la longévité des ceps et affecte la qualité du vin en France, mais aussi dans les principaux pays viticoles mondiaux. Pour la période 2014-2017, les pertes estimées sont énormes : près de 12% du vignoble français est improductif à cause des maladies du bois de la vigne, surtout l’esca, entraînant une perte de production d’environ un milliard d’euros. C’est donc l’un des éléments clés de l’agriculture et du patrimoine culturel français qui est menacé.
Ce constat entre en contradiction avec les perspectives de développement de la filière et celles affichées par la Maison Hennessy. Animé par sa dimension internationale et assumant pleinement son rôle de leader dans le secteur de la viticulture, Hennessy a choisi de travailler avec les scientifiques de l’IPREM (Université de Pau et des Pays de l’Adour/CNRS) impliqués dans les recherches pour lutter contre l’esca afin de postuler au programme de Chaire industrielle de l’ANR.
La société GreenCell, un des leaders français de l’écologie microbienne et de la fermentation industrielle, a rejoint les partenaires de la chaire pour développer des produits de biocontrôle. La production et transformation des micro-organismes en moyen de protection ou de stimulation de croissance des plantes est une des forces de GreenCell.
Le projet WinEsca vise à contrôler l’esca en se concentrant sur les points clés suivants :
- Limiter le développement des nécroses dans le bois par l’application de méthodes de taille à des plants de différents âges. La physiologie, dont les flux de sève, et l’évolution de la microflore en lien avec l’apparition précoce de nécroses dans le bois seront suivis.
- Des agents de biocontrôle seront appliqués dès la plantation pour réaliser une protection préventive. Des ceps seront traités en ciblant la nécrose nommée amadou, qui est typique de l’esca. Pour cela des bactéries inhibitrices du champignon pathogène majoritaire de l’amadou, Fomitiporia Mediterranea, seront introduites dans cette nécrose.
- Évaluer l’aspect économique des solutions proposées et les bénéfices que les viticulteurs pourront en retirer. L’acceptation sociétale du biocontrôle, c’est-à-dire par les viticulteurs et les consommateurs, sera également étudiée.
Ce projet de protection agroécologique, en phase avec les considérations environnementales actuelles, bénéficiera par ses résultats au secteur de la viticulture du cognac, mais aussi aux vignobles français et internationaux.
Les porteurs de la chaire de recherche WinEsca
Patrice Rey
Professeur en protection des plantes à Bordeaux Sciences Agro depuis 2007, Patrice Rey a rejoint l’Université de Pau et des Pays de l’Adour en 2021. Il a été directeur scientifique de BSA (2011-2015) et directeur adjoint de l'unité de recherche SAVE (INRAE-BSA 2007-2017). Il travaille actuellement sur le biocontrôle des maladies du tronc de la vigne.et l'écologie microbienne.
En France, il a été membre de l'ANSES, travaillant sur les "micro- et macro-organismes bénéfiques pour les plantes" (2013-2019), et de comités scientifiques en viticulture (2007-2019), horticulture (2000-2019), fruits/légumes (2012-2017). Au niveau international, il est membre du groupe Protection de la vigne de l'OIV depuis 2016. Il a été le coordinateur titulaire de la première chaire industrielle en agronomie, GTDfree (2016-2021).
Éléonore Attard
Ingénieur de recherche à l'université de Pau et des Pays de l'Adour depuis plus de 10 ans, Eleonore Attard étudie l'écologie microbienne dans les agrosystèmes et se concentre sur le rôle des endophytes des plantes. Elle coordonne ou contribue à la coordination de projets visant à évaluer et à exploiter les rôles des microorganismes bénéfiques dans les cultures de pommes de terre (Eranet H2020), dans les semences de maïs (en collaboration avec Euralis, un semencier international), et dans la vigne (en collaboration avec GreenCell).