Contexte et projet

Localisation

Pau IPREM / bât. IBEAS
Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l’environnement et les matériaux (UPPA/CNRS)

Chiffres-clés

Durée : 2022-2026

Financement total : 3,83 M€

  • ANR : 1,2 M€
  • UPPA/CNRS : 871k€
  • Hennessy : 800k€
  • GreenCell : 400k€
  • Autres partenaires : 558k€ (Université de Bordeaux, Bordeaux INP, Bordeaux Sciences Agro, INSERM, INRAE, Université de Reims Champagne Ardenne)

Organisation

  • Porteur du projet : Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA)
  • Titulaire-coordinateur de la chaire : Patrice Rey, et co-coordinatrice de la chaire: Éléonore Attard
  • Ecosystème scientifique : 8 unités de recherche internationales et 36 personnes impliquées

Le contexte : les maladies du bois de la vigne

Comme ce fut le cas pour les précédentes crises sanitaires de la vigne (oïdium, mildiou, phylloxéra) à la fin du 19e siècle, le secteur viticole est aujourd’hui confronté à des bouleversements tout aussi importants, tels que le changement climatique, l’épidémie majeure des maladies du bois de la vigne, principalement due à l’esca, et les fortes attentes sociétales pour une viticulture respectueuse de l’environnement.

En ce qui concerne les maladies du bois de la vigne, qui sont réapparues à la fin des années 1990, il n’a fallu que deux décennies pour que l’esca, la plus fréquente, devienne un sujet de préoccupation majeur pour de nombreuses régions viticoles en France, dans l’Union Européenne et dans de nombreux vignobles non européens.

L’esca est causée par une large gamme de champignons pathogènes tels que Phaeomoniella chlamydospora (Pch), Phaeoacremonium minimum (Pm), Fomitiporia mediterranea (Fm), qui attaquent les tissus du bois de la vigne, provoquant des nécroses(1,2). La colonisation fongique et la dégradation du bois peuvent atteindre un point critique lorsque les tissus fonctionnels, c’est-à-dire les vaisseaux de la plante, sont gravement endommagés, ce qui interfère avec la physiologie de la vigne et entraîne souvent la mort de la plante.

L’esca réduit donc la longévité des vignobles, affectant ainsi la qualité du vin(3) et causant d’énormes pertes économiques dans tout le secteur de la viticulture. En France, sur la période 2012-2017, la proportion des surfaces viticoles improductives était d’environ 12 %, l’esca en étant la principale cause (B. Doublet, ministère français de l’agriculture). Les pertes qui en ont résulté ont été estimées à environ 1 milliard d’euros pour la France. En ce qui concerne le vignoble de cognac dans les Charentes, les pertes de récolte ont fortement augmenté au cours des 15 dernières années et sont estimées à environ 18 %.

Dégradations internes du bois : symptômes foliaires externes, mort des ceps souvent lente, parfois foudroyante.

Comme il n’existe actuellement aucun traitement de contrôle efficace depuis l’interdiction de l’arsénite de sodium en Europe au début des années 2000, la situation a, à juste titre, suscité une grande appréhension dans le secteur de la viticulture. La réapparition de l’esca s’inscrit également dans un contexte de forte demande des consommateurs pour une viticulture respectueuse de l’environnement.

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(1) Úrbez-Torres J.R. 2011. Phyto. Med., 5:5-45.

(2) Bertsch C. et al. 2013. Plant Pathol., 62: 243-265.

(3) Lorrain B. et al. 2012. Aust. J. Grape Wine Res., 18:64-72.


Le projet Winesca

WinEsca s’appuie sur les principaux résultats obtenus dans une première chaire industrielle ANR, GTDfree, ce qui permettra de proposer des solutions agroécologiques de protection des plantes qui seront rapidement mises en œuvre à l’issue de cette nouvelle chaire.

Déterminer les meilleures méthodes de taille

Les méthodes de taille rigoureuses des vignes ayant une forte influence sur l’esca, la chaire WinEsca souhaite démontrer que certaines méthodes sont plus sûres que d’autres.

Pour garantir la santé à long terme de la vigne, il faut réduire de manière significative le développement de la nécrose du bois dans les plantes et l’effet délétère qui en résulte sur la circulation de la sève. Cet objectif sera atteint en démontrant les avantages culturels et économiques de l’adoption de bonnes pratiques de taille en temps opportun sur des ceps de différents âges (vignes jeunes et matures). La démonstration expérimentale est essentielle pour convaincre les viticulteurs d’appliquer des méthodes de taille appropriées.


Éliminer l’amadou (pourriture blanche)

Une autre méthode pertinente pourrait être le biocontrôle, car le bois de la vigne est colonisé par de nombreux micro-organismes, dont certains ont des activités potentielles de biocontrôle.

Nous chercherons à guérir les vignes malades de l’esca en ciblant spécifiquement l’amadou, une nécrose du bois dont le développement extensif est associé à un trouble de l’écoulement de la sève plusieurs semaines avant l’apparition des symptômes de la feuille d’esca, et qui était auparavant traitée par l’arsénite.

L’amadou sera étudié sur des vignes matures atteintes d’esca et traité avec des agents de biocontrôle (ACB) tels que des bactéries, des champignons et/ou des oomycètes. Les conséquences en termes de protection, de physiologie végétale et d’effets secondaires sur le microbiote des vignes seront également analysées.

 

Pertinence économique et acceptation des nouvelles solutions

L’aspect économique des solutions proposées sera également étudié, la chaire GTDfree ayant montré la pertinence financière de la solution du curetage. Cette méthode est efficace pour guérir les vignes malades de l'esca mais, en raison des effets secondaires sur les plantes, son acceptation et son adoption par les viticulteurs sont des questions clés.

 

La stratégie WinEsca, basée sur des approches complémentaires de protection agroécologique pour préserver les vignes saines et guérir les plantes malades de l’esca, permettra de proposer aux viticulteurs des méthodes de contrôle de l’esca pertinentes et respectueuses de l’environnement.