Le contexte : les maladies du bois de la vigne
Comme ce fut le cas pour les précédentes crises sanitaires de la vigne (oïdium, mildiou, phylloxéra) à la fin du 19e siècle, le secteur viticole est aujourd’hui confronté à des bouleversements tout aussi importants, tels que le changement climatique, l’épidémie majeure des maladies du bois de la vigne, principalement due à l’esca, et les fortes attentes sociétales pour une viticulture respectueuse de l’environnement.
En ce qui concerne les maladies du bois de la vigne, qui sont réapparues à la fin des années 1990, il n’a fallu que deux décennies pour que l’esca, la plus fréquente, devienne un sujet de préoccupation majeur pour de nombreuses régions viticoles en France, dans l’Union Européenne et dans de nombreux vignobles non européens.
L’esca est causée par une large gamme de champignons pathogènes tels que Phaeomoniella chlamydospora (Pch), Phaeoacremonium minimum (Pm), Fomitiporia mediterranea (Fm), qui attaquent les tissus du bois de la vigne, provoquant des nécroses(1,2). La colonisation fongique et la dégradation du bois peuvent atteindre un point critique lorsque les tissus fonctionnels, c’est-à-dire les vaisseaux de la plante, sont gravement endommagés, ce qui interfère avec la physiologie de la vigne et entraîne souvent la mort de la plante.
L’esca réduit donc la longévité des vignobles, affectant ainsi la qualité du vin(3) et causant d’énormes pertes économiques dans tout le secteur de la viticulture. En France, sur la période 2012-2017, la proportion des surfaces viticoles improductives était d’environ 12 %, l’esca en étant la principale cause (B. Doublet, ministère français de l’agriculture). Les pertes qui en ont résulté ont été estimées à environ 1 milliard d’euros pour la France. En ce qui concerne le vignoble de cognac dans les Charentes, les pertes de récolte ont fortement augmenté au cours des 15 dernières années et sont estimées à environ 18 %.
Comme il n’existe actuellement aucun traitement de contrôle efficace depuis l’interdiction de l’arsénite de sodium en Europe au début des années 2000, la situation a, à juste titre, suscité une grande appréhension dans le secteur de la viticulture. La réapparition de l’esca s’inscrit également dans un contexte de forte demande des consommateurs pour une viticulture respectueuse de l’environnement.
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(1) Úrbez-Torres J.R. 2011. Phyto. Med., 5:5-45.
(2) Bertsch C. et al. 2013. Plant Pathol., 62: 243-265.
(3) Lorrain B. et al. 2012. Aust. J. Grape Wine Res., 18:64-72.